L'ordination
Qu’est-ce qu’un prêtre ?
Aujourd’hui encore, des hommes s’engagent à la suite du Christ en devenant prêtre. C’est un engagement merveilleux, un don de soi, par amour de Dieu et des hommes. On perçoit le prêtre comme un célibataire, un homme très occupé, etc. Mais au fond, qu’est-ce qu’un prêtre ? Pourquoi, depuis 2000 ans des hommes quittent tout pour suivre Jésus dans cette belle vocation ?
Aujourd’hui plus que jamais, les hommes ont soif de connaître le Christ et d’être aimé par lui. C’est la mission du prêtre : un homme passionné, appelé, et donné.
Un homme appelé…
Le prêtre est un homme appelé : c’est-à-dire choisi par le Christ lui-même pour le service de l’Eglise. Cet appel (ou vocation) est double. D’une part, il est une aspiration personnelle à servir le Christ et les hommes, qui grandit et s’affermit par la prière, lieu privilégié du dialogue avec Dieu. D’autre part, cet appel est celui de l’Eglise qui, par la voix d’un ami, parent, prêtre et ultimement de l’évêque, authentifie l’aspiration intérieure. On est définitivement sûr d’avoir la vocation par l’ordination sacerdotale. En fait, le prêtre reçoit sa vocation et il choisit simplement d’y répondre.
Saint Paul compare le ministre (serviteur) de l’Eglise à un intendant : « Qu’on nous regarde donc comme des serviteurs du Christ et des intendants des mystères de Dieu. Or, ce qu’en fin de compte on demande à des intendants, c’est que chacun soit trouvé fidèle » (1 Co 4, 1-2). L’intendant est chargé de gérer les biens d’une autre personne, sans en être propriétaire.
« C’est ainsi que le prêtre reçoit du Christ les biens du salut, pour les distribuer comme il convient aux personnes à qui il est envoyé. Il s’agit des biens de la foi. Le prêtre est donc l’homme du « mystère de la foi ». (…) Personne ne peut se considérer comme le « propriétaire » de ces biens. Nous en sommes tous les bénéficiaires. Donc, en vertu de ce que le Christ a institué, le prêtre a le devoir d’en être l’intendant. »
(Jean-Paul II, Ma vocation, don et mystère, chap. 8, Ed. Téqui, 1996)
Un homme passionné…
Le prêtre est avant tout un passionné de Dieu et des hommes.
Passionné de Dieu, car il a fait l’expérience personnelle de l’amour du Christ pour lui et souhaite la partager aux hommes. Il a découvert que Jésus est bel et bien vivant dans sa vie, aujourd’hui. Il est le Fils de Dieu fait homme, venu sur nos chemins, pour dire l’amour de son Père pour le monde. Aujourd’hui, l’homme appelé par Dieu à prendre part au sacerdoce du Christ n’est pas meilleur que les autres. Il a toute sa vie pour approfondir le mystère de sa vocation.
Passionné de Dieu, le prêtre est aussi passionné des hommes. Comme prêtre, il continue d’appartenir à un peuple, une culture, une histoire. Le prêtre comprend et rejoint les hommes de son temps.
Le prêtre vit au cœur du monde sans vivre comme le monde. Car il appartient à Dieu pour continuer la mission du Christ Sauveur et Miséricordieux pour les pécheurs. Être passionné des hommes, cela signifie vouloir leur bonheur, leur paix, leur joie, non seulement pour la vie sur cette terre, mais pour la vie éternelle donnée par le Christ. Cette mission fait de lui un pasteur, à l’image du Christ, qui mène les brebis qui lui sont confiées, vers le Ciel, la maison du Père.
Enfin, le prêtre est passionné de l’Eglise. Le Christ est l’époux de l’Eglise, Il l’a aimée et s’est livré pour elle. Dans son sacerdoce, le prêtre se livre tout entier aussi, jusque dans le célibat, qui signifie le don radical de soi-même, jusque dans son corps à Dieu et aux hommes.
Un homme donné…
Le prêtre est un homme donné par amour et pour le service, notamment de l’Eglise. Son autorité dans la hiérarchie de l’Eglise est celle du serviteur : une autorité d’amour et de service. « Si quelqu’un veut être le premier, il sera le dernier de tous et le serviteur de tous » (Marc 9, 35), nous dit Jésus. Au cours de son dernier repas avec ses disciples, le Christ nous donne aussi l’exemple du lavement des pieds. A la suite du Christ serviteur, le prêtre est le premier à se donner pour que tous puissent se donner avec lui, à Dieu. En ce sens, le prêtre est un homme donné aux autres et à Dieu.
Donné, c’est-à-dire qu’appartenant au Christ, il peut à son tour le donner au monde. Comment ? Il donne Jésus au travers des sacrements, où il agit au nom du Christ, en la personne du Christ. Il donne Jésus quand il annonce sa Parole, quand il rend visite aux personnes souffrantes, aux plus pauvres. Mais on ne peut donner que ce qu’on a reçu. Le prêtre vit de cette intimité avec Jésus, dans une relation de cœur à cœur, qu’il trouve dans la prière, dans la célébration de l’Eucharistie, et aussi dans la confession, dans laquelle il se reconnaît pécheur, limité, et où il accueille pour lui la miséricorde du Seigneur.
Enfin, dans le prêtre ordonné par l’Eglise pour les hommes, c’est Jésus qui se donne et qui donne en lui. Le prêtre n’imite pas le Christ, mais par grâce, il devient un autre Christ. Dans tout ce qu’il est et dans tout ce qu’il fait, le Christ est présent. Il est « avec lui, par lui et en lui », pour répandre l’amour de Dieu qui sauve le monde.
Comment devient-on prêtre ?
La formation se déroule le plus souvent dans un séminaire et dure un minimum de six années.
Elle peut aussi se dérouler dans le cadre d’une vie religieuse, comme c’est le cas au sein de la Communauté Saint Jean, qui est aussi un institut clérical. Alors le rythme des études s’inscrit dans les années de formation à cette vie religieuse.
Les quatre axes de la formation
- Spirituelle : prière communautaire et personnelle, liturgie et célébration de l’Eucharistie.
- Intellectuelle : étude de la philosophie, des sciences religieuses (théologie, Bible, histoire de l’Eglise, etc.) ainsi que des sciences humaines.
- Humaine : dans la communauté au séminaire et sur le terrain paroissial. Apprendre à vivre et à travailler avec d’autres et à développer sa capacité d’accueil et d’écoute.
- Apostolique et pastorale : apprentissage concret de ce qui fait la vie et le travail des prêtres et acquisition de compétences pour la mission.
Deux cycles en vue de l’ordination presbytérale
Le premier cycle, qui peut durer 2 à 4 ans, est essentiellement le temps du « discernement ». Il permet de vérifier que l’on a les aptitudes et les motivations nécessaires pour être prêtre. Parfois un stage (coopération, études spécifiques, engagement associatif, etc.) peut suivre ce premier cycle. Cette première étape de la formation est plus orientée vers la réflexion philosophique
Le deuxième cycle dure environ trois ans et oriente la formation plus spécifiquement vers le ministère presbytéral. La formation en théologie alterne avec des temps d’insertion pastorale. Ce dernier permet d’apprendre à connaître le diocèse, découvrir et comprendre les réalités humaines, s’initier aux tâches du ministère presbytéral. Mais aussi d’approfondir le discernement.
L’ordination diaconale est reçue au terme du second cycle.
Une dernière année, « l’année diaconale », oriente la formation vers la pratique pastorale et permet une synthèse de l’ensemble du parcours de formation. La formation conduit à l’ordination presbytérale.
Comment savoir si je suis appelé à devenir prêtre ?
Dieu appelle tous les hommes à la plénitude de la vie, en communiant au salut qu’Il nous a offert par sa mort et sa résurrection. Et Il appelle certains, à la manière des Apôtres, à tout laisser là pour Le suivre.
Le temps de l’appel
La vocation au sacerdoce est d’abord un appel amoureux du Seigneur. Dieu sème dans le silence de certains cœurs un désir de Lui être tout donné pour annoncer aux hommes le Salut. Dans une vie concrète, cet appel se manifeste souvent de manière discrète, qu’il faut savoir repérer. Il passe notamment par trois choses : le désir, l’expérience et les aptitudes.
Un désir profond de s’unir au Christ, d’évangéliser et de servir Dieu d’un cœur sans partage ; l’expérience d’une joie particulière procurée lors de moments consacrés à Dieu, dans la charité en acte ou la prière ; et les aptitudes personnelles qu’on a. Par là, on peut reconnaître que le Seigneur nous appelle. Être prêtre est bien à la fois l’acceptation d’une invitation de Dieu et la réponse aux désirs les plus profonds du cœur.
Il faut encore préciser : Dieu appelle librement qui Il veut, et sans considération des mérites. Dieu ne choisit pas les meilleurs, Il choisit « ceux qu’Il veut » (Mc 3, 13).
Le temps du discernement personnel
Une intensification de la vie chrétienne personnelle favorise un premier discernement. Prendre des temps réguliers de prière silencieuse, de méditation de la parole de Dieu, aller à la messe plus souvent, se confesser régulièrement, lire des ouvrages spirituels, se rapprocher de la Vierge Marie par la récitation du chapelet.
Parce qu’il est bon de ne pas confondre appel de Dieu et projection personnelle, il convient de vivre cette réflexion en la partageant avec une personne de bon conseil et formée. C’est ainsi l’occasion d’entamer une relation d’accompagnement spirituel – qui sera fructueuse de toute façon.
Prendre un temps privilégié d’intimité avec Dieu est aussi très favorable au discernement de la vocation. On peut faire par exemple une retraite ou un séjour au calme dans un monastère ou une communauté religieuse.
Le discernement dans l’Eglise
Si le désir est réel, et sans avoir attendu des années ni des preuves irréfutables de ce qu’on est appelé, on peut appeler le supérieur du séminaire, pour lui confier son désir ou même simplement son questionnement. Confiance : ce n’est pas un sergent recruteur, et il n’a aucun intérêt à ce qu’entre chez lui un jeune homme qui n’y serait pas à sa place, ce qui ferait souffrir et lui et la Communauté. L’entretien avec le supérieur détermine donc la suite des événements : faut-il continuer à discerner, ou plonger maintenant ?
C’est ensuite dans l’Église que se discerne l’appel de Dieu. Car la vocation, si elle est d’abord ressentie comme un désir personnel en réponse à un appel de Dieu, est en même temps un appel « objectif » de l’Église, à qui le Seigneur a confié la charge de continuer sa mission. Comme Jésus, l’Église, par la voix des formateurs, choisit « qui (Elle) veut » (Mc 3, 13). Ainsi, au séminaire, le discernement est double. C’est celui du jeune homme qui se donne dans l’intimité du cœur, et celui de l’Église, en particulier les prêtres chargés de la formation au séminaire.