« Veillez car vous ne savez pas quand vient le maître de maison », Evangile selon St Marc (13, 33-37)
Homélie du Père Marie-Tarcisius, premier dimanche de l’Avent, année B
Une nouvelle année
Nous commençons la nouvelle année liturgique. Bien sûr, avec tous nos concitoyens, le 1ᵉʳ janvier 2024 aussi, nous fêterons le début de l’année civile. Mais nous rendons à César ce qui était à César et aujourd’hui nous rendons à Dieu ce qui est à Dieu. Pour le chrétien, l’année qui commence, c’est vraiment le temps de l’Avent, parce que c’est ce qui donne tout son sens à notre vie. En faisant commencer cette année liturgique, cette année chrétienne par le temps de l’Avent, l’Eglise nous tourne vers le Christ. Et la richesse, comme la beauté du temps liturgique, c’est que tous les ans, on va pouvoir à nouveau fréquenter tous ces mystères de la vie du Christ. Mais aussi ceux de la vie de sa Mère, des Saints, dans un rythme qui nous permet chaque année de nous familiariser, d’intérioriser plus tel ou tel aspect. Aussi, cette nouvelle année qui commence, c’est une année de grâce. Une année de grâce que le Seigneur renouvelle pour nous permettre d’approfondir notre foi. Et c’est pour cela que dans le temps de l’Avent, on a ce temps qui nous prépare et qui nous tourne vers ce grand mystère de l’Incarnation.
Un temps d’attente
Si nous n’avons pas le Gloria, ce n’est pas pour enlever un peu de joie au dimanche et à la célébration dominicale que nous avons. Mais c’est pour que cette joie rayonne encore plus au moment de Noël. Et donc pour que cette joie se centre de façon particulière sur le mystère de Jésus enfant. Ce mystère où notre Dieu se fait petit enfant pour commencer à nous dévoiler l’amour immense qu’Il nous porte. C’est ainsi que la sobriété du temps de l’Avent par ce moyen est là pour nous aider, nous mettre en attente. C’est ce que l’Évangile aujourd’hui nous a rappelé. On entre dans ce mystère de l’Avent et l’Évangile nous invite à veiller à être des veilleurs, des veilleurs dans le quotidien.
Comment être veilleur aujourd’hui
Parfois, on peut être des veilleurs pour des grandes actions, puis on peut être veilleurs au quotidien, c’est-à-dire veiller avec le Christ, dans le Christ, et bien veiller sur notre vie avec lui chaque dimanche. Nous venons l’adorer chaque dimanche, nous venons le prier. Chaque dimanche, nous venons louer le Seigneur. Et veiller, c’est faire aussi que ce trésor que nous célébrons dans la célébration dominicale, on le ramène à la maison. Chez nous aussi, nous pouvons l’adorer. Chez nous aussi, nous pouvons le louer, le prier individuellement, ensemble, en famille, différemment selon chacun. Cela va prendre des tonalités et des variétés différentes suivant nos personnalités. Mais nous allons veiller à bien ramener à la maison cette richesse qui nous est donnée.
Ramener le Christ dans nos maisons
Dans l’Ancien Testament, quand Dieu établit le culte liturgique du Temple, il y a toujours une partie qui est dans le temple, et tout le reste de la semaine se déroule à la maison. En fait, c’est très important. Soit la fête culmine dans le moment où nous sommes tous rassemblés. Pour nous comme chrétiens, autour de la messe. Ou bien c’est ce qui débute une solennité, un temps de grâce, de telle façon à ce que la vie chrétienne rayonne et pénètre notre quotidien. Donc, pour nous, veiller, c’est cette année reprendre cet effort de bien mettre le Christ (ou de nourrir cette présence du Christ) au cœur de nos maisons. C’est que nos maisons deviennent aussi ce lieu où Il aime venir habiter, nous retrouver. Veiller à ce que nos maisons soient des lieux d’accueil de la présence du Christ. Avec Lui, nous apprenons aussi à faire qu’elles soient des lieux d’ouverture aux autres, de solidarité, des lieux de bienveillance. Et donc veiller, c’est cette attitude spirituelle dans laquelle nous nous mettons en état, nous nous renouvelons dans cet état d’accueil du Christ et dans ce mystère d’incarnation de la vie du Christ dans notre quotidien.
Chaque année des moyens différents
Alors aujourd’hui, on dispose en plus de plein de moyens, par les smartphones et applications, de nous mettre en contact avec la Parole de Dieu. Et il y en a beaucoup. Si vous allez sur le site de la Conférence des évêques de France, ils vous donnent le listing de tout ce qui est proposé pour l’Avent, comme plus tard pour le Carême. Beaucoup d’initiatives qui sont là pour nous aider aussi à nous donner des idées, à nous renouveler. Puisque finalement, dans cette année qui commence, ce qui va être important, et bien c’est de nous centrer sur ce mystère de Jésus, mais différemment. Chaque année, on va le faire un peu différemment parce que d’abord on le fait avec nos circonstances. Chaque année, nous sommes un peu différents. Les circonstances de la vie familiale, de la vie personnelle, de la vie professionnelle ou sociétale ont pu changer. Ou bien les circonstances de nos proches ont pu changer. Tout cela, nous le tournons vers le Christ. Donc cette attitude de veilleur, elle est au cœur de la vie chrétienne. Le chrétien, finalement, c’est celui qui qui se tourne vers Jésus et qui prend cette décision intérieure de veiller.
Veiller les uns sur les autres
Alors, je vous le disais, ce premier état de veille, c’est de veiller à ce que le Christ habite nos maisons. Mais c’est aussi de veiller les uns sur les autres. Car finalement l’Évangile nous le dit et nous le redit sans cesse accueillir le Christ – et nous l’avions la semaine dernière au moment du Christ-Roi pour l’Évangile – c’est accueillir le pauvre, celui qui est dans le besoin. C’est accueillir par conséquent notre prochain et donc veiller et être attentif au Christ. C’est aussi dire « comment est-ce que je vais me renouveler dans cet état de veille les uns à l’égard des autres ? » Les enfants aussi. En prenant votre place dans la maison avec les parents, vous pouvez toujours être tentés de laisser les parents tout faire. Chacun va renouveler sa manière d’être présent – les parents présents aux enfants – et entre nous. Demandons cette grâce de choisir d’être des veilleurs, ce qui n’est jamais simple. Puisque dans un monde qui multiplie de bien des façons le confort, dont nous bénéficions, et bien veiller, c’est quelque part sortir de son confort, se déloger de son confort pour accueillir celui qui est là.
Se renouveler et s’engager différemment
Ça peut être aussi de réfléchir cette année sur une autre manière de s’engager. De s’engager soit dans des initiatives chrétiennes, qu’elles soient paroissiales, diocésaines ou parfois plus larges, à travers des mouvements et des groupes dans lesquels nous sommes. Sortir un peu d’une certaine zone de confort pour aller au-devant et aller au-delà de ce que nous faisions pour aller à la rencontre de l’autre. C’est aussi une manière de sortir de nous-mêmes, de supplier le Seigneur de nous aider toujours à être à l’écoute. Car finalement, s’ouvrir aux autres, c’est se renouveler dans un regard, dans une manière d’écouter. Pas que notre réalité quotidienne ait beaucoup changé entre hier et aujourd’hui, entre la fin de l’année liturgique précédente et le début de celle-ci, mais c’est demander une grâce de renouvellement.
Renouvellement de la manière dont nous écoutons les mêmes choses, dont nous regardons les mêmes choses, dont nous allons toucher les mêmes choses, les mêmes personnes. De telle façon à ce que on puisse se dire : « Mais c’est le Christ qui vient à moi à nouveau nouvellement cette année et qui me demande de regarder le plus simple de tout ce que je vis avec son regard, avec ses oreilles ». Pour que nous devenions les mains du Christ, les yeux du Christ, la bouche du Christ, les oreilles du Christ, les pieds du Christ, là où nous allons, là où nous sommes. Alors demandons cette grâce les uns pour les autres, et que ce temps de l’Avent nous fasse prendre conscience à quel point, pour nous, c’est vraiment la nouvelle année qui commence. La nouvelle année chrétienne où on veut une fois de plus et faire un pas de plus pour que le Christ soit le centre de notre cœur, le centre de notre vie. Et nous y renouveler et le proclamer simplement, mais réellement, autour de nous et dans nos familles et dans nos communautés. Amen.