Homélie du Père Abel, Mercredi des Cendres 2022
La grâce de se reconnaître pécheur
On pense la plupart du temps que c’est que c’est d’avoir une apparition de Jésus qui serait la plus belle grâce de notre vie. Mais il y a une grâce plus belle encore et plus importante. C’est de connaître son péché. Car si je commence à voir le péché, c’est que dans mon cœur est rentrée la lumière. Tant que je suis dans les ténèbres, le péché je ne le vois pas, je le fais. Mais quand la lumière rentre, je vois que ce que j’ai fait, ce que j’ai pensé, ce que j’ai dit est mal, et c’est libérateur. Enfin commence un véritable chemin de conversion et de libération. Si je ne vais pas me confesser parce que je me vois d’un œil trop flatteur pour connaître ma faute, parce que je refuse qu’il y ait le péché en moi, je suis dans l’hypocrisie.
La confession libère
C’est un signe de notre chemin de conversion d’aller se confesser pour savoir où nous en sommes, pour savoir où est la véracité de notre âme, la véracité de notre foi. La confession de mon péché, c’est tellement libérateur. La confession libère. Mais ce que je dois comprendre et accepter, c’est que cette grâce de la confession, d’avoir avoué mon péché, d’avoir reçu l’absolution, d’avoir été lavé dans mon âme par les vertus du Précieux Sang de Jésus, elle est réelle. Si on me passait au scanner de la grâce divine des yeux de Dieu, on ne verrait plus en moi aucun péché. Le péché n’y est plus. Je l’ai confessé, il est détruit. Je suis allé dans un lieu secret. J’ai dit à Dieu : « j’ai pensé ça, j’ai fait ça. J’ai dit ça. J’ai oublié. J’ai vu et je n’ai pas fait le bien pour telle personne ». C’est un vrai dialogue. Dieu, le Père me dit : « Je te pardonne tous tes péchés ».
Un sacrement divin
C’est une vraie grâce. C’est quelque chose de divin. Il n’y a rien d’humain dans ce sacrement. C’est complètement divin. Je suis dans la présence sacramentelle du Christ dans le prêtre. C’est la parole du Christ qui est cachée dans la voix du prêtre. C’est Sa parole, c’est Sa présence, c’est Son action divine. Quand il me dit qu’il me pardonne, c’est qu’il renouvelle en mon âme tout Son amour. C’est qu’il a enlevé, il a effacé le péché de mon âme et que dans mon âme, il n’y a plus trace de ce péché.
Quand je sors de la confession et que je vais dans ma vie, c’est ça le problème, c’est que je pense que ça a été juste un moment de soulagement. La confession a soulagé ma conscience. C’était dur, il y a un truc qui pesait en moi. Mais il y a des W.-C. pour aller se soulager ! La confession est la rencontre de Dieu. Elle n’est pas de l’ordre du soulagement de la conscience. Tant mieux, si cela soulage ta conscience, c’est qu’il était temps que tu ailles te confesser. Mais ce n’est pas pour cela qu’on va se confesser, c’est pour plonger dans la divine miséricorde. La confession, c’est un sacrement, ce n’est pas un rendez-vous chez le psychiatre.
Une plongée dans la miséricorde de Dieu
La confession, c’est un sacrement. Je suis dans la présence de Dieu et pas dans n’importe quelle présence de Dieu : je suis dans la miséricorde divine. C’est-à-dire je suis dans l’instant, dans l’espace, dans le présent, dans l’acte de cette miséricorde qui dépasse tout, qui dépasse le temps. Car Dieu, alors, saisit toute ma vie. J’ouvre le temps pour être dans le temps de Dieu et il prend toute ma vie dans la confession. Toute ma vie est dans sa miséricorde. Là.
Il prend tous mes actes, tous les actes qui sortent de mon cœur. Comme Jésus nous l’a appris : « Ce qui déborde de ta bouche, c’est ce qu’il y a dans ton cœur ».
Et Jésus prend nos actes, nos paroles, nos pensées. Ce qui est mauvais, il le brûle. Dans le feu ardent de son amour miséricordieux, de son Sacré-Cœur.
Et ce qui est beau, c’est que ce qui était de lui, là où il y avait l’amour, Il l’embellit de son attribut de miséricorde. Ce n’est pas rien, la confession. C’est quelque chose d’aussi grand que l’Eucharistie.
J’étais pécheur avec le mal dans mon cœur, dans ma volonté, et je sors et je suis saint. Un Saint qu’on pourrait canoniser. C’est admirable ce que Jésus opère dans le sacrement de la confession. C’est un signe.
Comment se regarder avec des yeux humbles
En allant contre nous-mêmes
Nous devons aller contre nous-mêmes. C’est ça la conversion. Nous devons aller contre nous-mêmes, contre notre mauvaise volonté, contre notre bête vanité de se penser bien. C’est une horreur devant Dieu de se penser bien. Oui, je fais le mal. Oui, j’ai eu des pensées qui n’étaient pas bonnes. Oui, j’ai pensé que ma voisine, c’était une vraie ceci, une vraie cela. J’ai jugé ses intentions. J’ai jugé dans ma famille. J’ai dit des paroles qui ont blessé des cœurs qui ont amené la colère, la dispute, la guerre dans la famille. Je n’ai pas donné une parole d’amour. Je n’ai pas relevé mon père, ma mère, mon cousin, ma cousine… je ne lui ai pas dit que j’étais avec lui ou elle dans la prière. Je l’ai laissé dans son marasme. Je n’ai pas encouragé. Je n’ai pas dit du bien, non. La personne me disait sa souffrance. J’ai surenchéri avec la mienne pour ne pas l’écouter, pour ne pas que de la miséricorde sorte de mon cœur.
En demandant à Jésus où regarder
Oui, on n’a pas tué, on n’a pas volé la banque, mais on a fait des choses qui sont terribles aussi pour Dieu. Il ne regarde pas que tout ce qui tue père et mère, hein. Il nous regarde chacun personnellement, et si je ne vais pas me confesser par orgueil, mais c’est bien plus terrible pour Dieu. Alors on ne va pas prendre une loupe et tout examiner scrupuleusement. Non, on ne va pas faire ça, mais on va demander à Jésus : « Jésus où est ce que je te déplais, où est ce que j’ai sonné de la trompette ? Où est-ce que je me suis pavané dans mon orgueil parce que j’avais fait quelque chose ? Quand je n’ai pas fait le bien Jésus quand tu étais là, devant moi dans mon prochain, et je suis passé à côté sans te regarder. »
Et si on est vrai, si on regarde vraiment avec des yeux humbles, on le verra le péché, car on acceptera de regarder dans la lumière de Dieu. Et alors nous irons à la confession. Sans peur, sans crainte d’être jugé. Je vais dire à Jésus quelque chose et je vais entendre dans la foi « je te pardonne tous tes péchés ». Et à ce moment-là, il se passe quelque chose d’admirable.
Un sacrement qui dépasse notre petite personne
Croyez-vous qu’il n’y a que votre vie qui est prise dans la confession ? Dans ce sacrement ? Oh non, c’est comme dans l’Eucharistie. Quand je communie au corps du Christ, je communie à quoi ? À son corps, à son sang, à son âme, à sa nature divine, à l’attribut de la miséricorde, de sa divine volonté, de sa puissance, de sa beauté, de sa simplicité, de son unité, de ses vertus, etc. Je communie aussi au corps de Marie, à la grâce de mon ange gardien, à la grâce de tous les saints, à la grâce des âmes du purgatoire, à la grâce de tous les baptisés. Quand je communie, je communie même à mon prochain. Je communie à toute réalité contenue dans l’acte créateur et rédempteur qui m’est donné dans l’Eucharistie.
De même, quand je vais me confesser, ce n’est pas seulement ma vie qui est saisie dans le sacrement, ce n’est pas seulement mon âme qui est lavée dans le sacrement. Ce n’est pas seulement mon âme car je suis en communion avec toutes les âmes.
On se confesse pour tous
Nous serons beaucoup plus justes en allant nous confesser qu’en n’y allant pas. Ça ne sert à rien de louer Jésus, si on ne va pas se confesser. Mais parce que la confession porte le corps du Christ, la communion de l’Église, la communion avec le monde entier, je ne vais pas me confesser seulement pour moi, juste pour soulager ma conscience, comme si j’allais aux toilettes. Je vais me confesser pour mon prochain pour que la grâce de la sainteté, la grâce qui m’est donnée dans la communion des Saints rejaillisse parce que cela change mes actes. Et le secret pour que mes actes changent, pour que je ne recommence pas à pécher de la même façon, c’est de rentrer dans la grâce de la confession quand je sens que la tentation approche. C’est de plonger en moi.
Un sacrement de renouvellement
Jésus le dit : « va au secret de toi-même, rentre à l’intérieur de ton âme ». Là où tu as reçu l’absolution. Et puisque l’absolution est un acte divin, quand tu entres là où tu as reçu l’absolution, tu es renouvelé dans ta force et dans ta grâce. Et alors tu peux plus facilement rejeter le péché, fuir l’occasion du péché, renoncer à telle pensée, à telle parole, à tel acte. Et tu verras qu’avant, tu combattais tout seul, dans ton péché, dans ton âme, dans ta volonté peccamineuse qui repliée sur elle-même avec la seule lumière de votre seule petite conscience. Nous retombons dans le péché, car nous pensons que nous sommes seuls face à la tentation. Mais non, non. Nous avons été baptisés, nous avons été confessés. La grâce de Jésus est là. Quand la tentation vient vite, je vais dans le secret de mon âme où il y a l’absolution, et je replonge dans l’absolution. Jésus, je suis pécheur, je lui dis à Jésus : « Je suis pécheur. La tentation veut me gagner. Vient régner en moi. Je renonce à Satan, à ses pompes et à ses œuvres. Et je m’attache à toi. Jésus. Je m’attache à toi, à ta volonté. À toi. À ta miséricorde, à toi. Je me garde en toi. »
Les fruits de la confession
Et vous verrez que la grâce de la confession commence alors à donner son fruit. Alors que la plupart du temps, la confession on la vit pour nous-mêmes et dès que le péché se présente, on y retombe tout de suite. Si on la vit en communion avec les Saints et nos prochains, nous ressortons de la confession plus forts, plus forts de la douceur de Dieu.
Jésus te le dit : « Viens à ma rencontre, à l’intime de toi-même si tu es à nouveau tenté. Si déjà tu pouvais découvrir ma tendresse et ma douceur, découvrir que je suis à l’intime de ton âme et que tu n’es pas seul, et rentrer dans le lieu de l’absolution qu’est ton âme ». Et toi dis à Jésus : « J’ai confiance que ta force est là, puisque tu m’as pardonné, fortifie-moi devant la tentation » et fuis la tentation sans réfléchir.
La confession pour mieux voir son âme et Dieu
Plus vous verrez que vous êtes des pécheurs et plus Dieu se révélera à vous, plus sa miséricorde sera concrète en vous. Plus il vous consommera de Sa lumière, plus vous verrez votre âme.
Plus vous sentirez la puanteur de votre âme et de votre péché, plus vous vous trouverez désagréables à vous-même et plus vous verrez Dieu. Plus vous vous blottirez contre son cœur, plus vous sentirez l’attraction de Dieu qui vous veut brûlant de son amour et de son désir. Et plus votre âme sera assoiffée de sainteté, de saisir Dieu, de l’embrasser, de le chérir. Et pourtant, vous sentirez la puanteur de votre âme. Mais vous verrez le toucher divin de Dieu en vous, vous le sentirez bien plus profondément que jusqu’à maintenant.
Oh mes frères, allez au sacrement de la réconciliation toutes les semaines. Et vous verrez. Une fois, deux fois, dix semaines, six mois, un an. Vous verrez le changement.