La grâce du sacrement de la Réconciliation

Homélie du Père Abel, Mercredi des Cendres 2022

La grâce de se reconnaître pécheur

On pense la plupart du temps que c’est que c’est d’avoir une apparition de Jésus qui serait la plus belle grâce de notre vie. Mais il y a une grâce plus belle encore et plus importante. C’est de connaître son péché. Car si je commence à voir le péché, c’est que dans mon cœur est rentrée la lumière. Tant que je suis dans les ténèbres, le péché je ne le vois pas, je le fais. Mais quand la lumière rentre, je vois que ce que j’ai fait, ce que j’ai pensé, ce que j’ai dit est mal, et c’est libérateur. Enfin commence un véritable chemin de conversion et de libération. Si je ne vais pas me confesser parce que je me vois d’un œil trop flatteur pour connaître ma faute, parce que je refuse qu’il y ait le péché en moi, je suis dans l’hypocrisie.

La confession libère

C’est un signe de notre chemin de conversion d’aller se confesser pour savoir où nous en sommes, pour savoir où est la véracité de notre âme, la véracité de notre foi. La confession de mon péché, c’est tellement libérateur. La confession libère. Mais ce que je dois comprendre et accepter, c’est que cette grâce de la confession, d’avoir avoué mon péché, d’avoir reçu l’absolution, d’avoir été lavé dans mon âme par les vertus du Précieux Sang de Jésus, elle est réelle. Si on me passait au scanner de la grâce divine des yeux de Dieu, on ne verrait plus en moi aucun péché. Le péché n’y est plus. Je l’ai confessé, il est détruit. Je suis allé dans un lieu secret. J’ai dit à Dieu : « j’ai pensé ça, j’ai fait ça. J’ai dit ça. J’ai oublié. J’ai vu et je n’ai pas fait le bien pour telle personne ». C’est un vrai dialogue. Dieu, le Père me dit : « Je te pardonne tous tes péchés ».

Un sacrement divin

C’est une vraie grâce. C’est quelque chose de divin. Il n’y a rien d’humain dans ce sacrement. C’est complètement divin. Je suis dans la présence sacramentelle du Christ dans le prêtre. C’est la parole du Christ qui est cachée dans la voix du prêtre. C’est Sa parole, c’est Sa présence, c’est Son action divine. Quand il me dit qu’il me pardonne, c’est qu’il renouvelle en mon âme tout Son amour. C’est qu’il a enlevé, il a effacé le péché de mon âme et que dans mon âme, il n’y a plus trace de ce péché.

Quand je sors de la confession et que je vais dans ma vie, c’est ça le problème, c’est que je pense que ça a été juste un moment de soulagement. La confession a soulagé ma conscience. C’était dur, il y a un truc qui pesait en moi. Mais il y a des W.-C. pour aller se soulager ! La confession est la rencontre de Dieu. Elle n’est pas de l’ordre du soulagement de la conscience. Tant mieux, si cela soulage ta conscience, c’est qu’il était temps que tu ailles te confesser. Mais ce n’est pas pour cela qu’on va se confesser, c’est pour plonger dans la divine miséricorde. La confession, c’est un sacrement, ce n’est pas un rendez-vous chez le psychiatre.

Une plongée dans la miséricorde de Dieu

La confession, c’est un sacrement. Je suis dans la présence de Dieu et pas dans n’importe quelle présence de Dieu : je suis dans la miséricorde divine. C’est-à-dire je suis dans l’instant, dans l’espace, dans le présent, dans l’acte de cette miséricorde qui dépasse tout, qui dépasse le temps. Car Dieu, alors, saisit toute ma vie. J’ouvre le temps pour être dans le temps de Dieu et il prend toute ma vie dans la confession. Toute ma vie est dans sa miséricorde. Là.
Il prend tous mes actes, tous les actes qui sortent de mon cœur. Comme Jésus nous l’a appris : « Ce qui déborde de ta bouche, c’est ce qu’il y a dans ton cœur ».
Et Jésus prend nos actes, nos paroles, nos pensées. Ce qui est mauvais, il le brûle. Dans le feu ardent de son amour miséricordieux, de son Sacré-Cœur.
Et ce qui est beau, c’est que ce qui était de lui, là où il y avait l’amour, Il l’embellit de son attribut de miséricorde. Ce n’est pas rien, la confession. C’est quelque chose d’aussi grand que l’Eucharistie.
J’étais pécheur avec le mal dans mon cœur, dans ma volonté, et je sors et je suis saint. Un Saint qu’on pourrait canoniser. C’est admirable ce que Jésus opère dans le sacrement de la confession. C’est un signe.

Comment se regarder avec des yeux humbles

En allant contre nous-mêmes

Nous devons aller contre nous-mêmes. C’est ça la conversion. Nous devons aller contre nous-mêmes, contre notre mauvaise volonté, contre notre bête vanité de se penser bien. C’est une horreur devant Dieu de se penser bien. Oui, je fais le mal. Oui, j’ai eu des pensées qui n’étaient pas bonnes. Oui, j’ai pensé que ma voisine, c’était une vraie ceci, une vraie cela. J’ai jugé ses intentions. J’ai jugé dans ma famille. J’ai dit des paroles qui ont blessé des cœurs qui ont amené la colère, la dispute, la guerre dans la famille. Je n’ai pas donné une parole d’amour. Je n’ai pas relevé mon père, ma mère, mon cousin, ma cousine… je ne lui ai pas dit que j’étais avec lui ou elle dans la prière. Je l’ai laissé dans son marasme. Je n’ai pas encouragé. Je n’ai pas dit du bien, non. La personne me disait sa souffrance. J’ai surenchéri avec la mienne pour ne pas l’écouter, pour ne pas que de la miséricorde sorte de mon cœur.

En demandant à Jésus où regarder

Oui, on n’a pas tué, on n’a pas volé la banque, mais on a fait des choses qui sont terribles aussi pour Dieu. Il ne regarde pas que tout ce qui tue père et mère, hein. Il nous regarde chacun personnellement, et si je ne vais pas me confesser par orgueil, mais c’est bien plus terrible pour Dieu. Alors on ne va pas prendre une loupe et tout examiner scrupuleusement. Non, on ne va pas faire ça, mais on va demander à Jésus : « Jésus où est ce que je te déplais, où est ce que j’ai sonné de la trompette ? Où est-ce que je me suis pavané dans mon orgueil parce que j’avais fait quelque chose ? Quand je n’ai pas fait le bien Jésus quand tu étais là, devant moi dans mon prochain, et je suis passé à côté sans te regarder. »
Et si on est vrai, si on regarde vraiment avec des yeux humbles, on le verra le péché, car on acceptera de regarder dans la lumière de Dieu. Et alors nous irons à la confession. Sans peur, sans crainte d’être jugé. Je vais dire à Jésus quelque chose et je vais entendre dans la foi « je te pardonne tous tes péchés ». Et à ce moment-là, il se passe quelque chose d’admirable.

Un sacrement qui dépasse notre petite personne

Croyez-vous qu’il n’y a que votre vie qui est prise dans la confession ? Dans ce sacrement ? Oh non, c’est comme dans l’Eucharistie. Quand je communie au corps du Christ, je communie à quoi ? À son corps, à son sang, à son âme, à sa nature divine, à l’attribut de la miséricorde, de sa divine volonté, de sa puissance, de sa beauté, de sa simplicité, de son unité, de ses vertus, etc. Je communie aussi au corps de Marie, à la grâce de mon ange gardien, à la grâce de tous les saints, à la grâce des âmes du purgatoire, à la grâce de tous les baptisés. Quand je communie, je communie même à mon prochain. Je communie à toute réalité contenue dans l’acte créateur et rédempteur qui m’est donné dans l’Eucharistie.
De même, quand je vais me confesser, ce n’est pas seulement ma vie qui est saisie dans le sacrement, ce n’est pas seulement mon âme qui est lavée dans le sacrement. Ce n’est pas seulement mon âme car je suis en communion avec toutes les âmes.

On se confesse pour tous

Nous serons beaucoup plus justes en allant nous confesser qu’en n’y allant pas. Ça ne sert à rien de louer Jésus, si on ne va pas se confesser. Mais parce que la confession porte le corps du Christ, la communion de l’Église, la communion avec le monde entier, je ne vais pas me confesser seulement pour moi, juste pour soulager ma conscience, comme si j’allais aux toilettes. Je vais me confesser pour mon prochain pour que la grâce de la sainteté, la grâce qui m’est donnée dans la communion des Saints rejaillisse parce que cela change mes actes. Et le secret pour que mes actes changent, pour que je ne recommence pas à pécher de la même façon, c’est de rentrer dans la grâce de la confession quand je sens que la tentation approche. C’est de plonger en moi.

Un sacrement de renouvellement

Jésus le dit : « va au secret de toi-même, rentre à l’intérieur de ton âme ». Là où tu as reçu l’absolution. Et puisque l’absolution est un acte divin, quand tu entres là où tu as reçu l’absolution, tu es renouvelé dans ta force et dans ta grâce. Et alors tu peux plus facilement rejeter le péché, fuir l’occasion du péché, renoncer à telle pensée, à telle parole, à tel acte. Et tu verras qu’avant, tu combattais tout seul, dans ton péché, dans ton âme, dans ta volonté peccamineuse qui repliée sur elle-même avec la seule lumière de votre seule petite conscience. Nous retombons dans le péché, car nous pensons que nous sommes seuls face à la tentation. Mais non, non. Nous avons été baptisés, nous avons été confessés. La grâce de Jésus est là. Quand la tentation vient vite, je vais dans le secret de mon âme où il y a l’absolution, et je replonge dans l’absolution. Jésus, je suis pécheur, je lui dis à Jésus : « Je suis pécheur. La tentation veut me gagner. Vient régner en moi. Je renonce à Satan, à ses pompes et à ses œuvres. Et je m’attache à toi. Jésus. Je m’attache à toi, à ta volonté. À toi. À ta miséricorde, à toi. Je me garde en toi. »

Les fruits de la confession

Et vous verrez que la grâce de la confession commence alors à donner son fruit. Alors que la plupart du temps, la confession on la vit pour nous-mêmes et dès que le péché se présente, on y retombe tout de suite. Si on la vit en communion avec les Saints et nos prochains, nous ressortons de la confession plus forts, plus forts de la douceur de Dieu.
Jésus te le dit : « Viens à ma rencontre, à l’intime de toi-même si tu es à nouveau tenté. Si déjà tu pouvais découvrir ma tendresse et ma douceur, découvrir que je suis à l’intime de ton âme et que tu n’es pas seul, et rentrer dans le lieu de l’absolution qu’est ton âme ». Et toi dis à Jésus : « J’ai confiance que ta force est là, puisque tu m’as pardonné, fortifie-moi devant la tentation » et fuis la tentation sans réfléchir.

La confession pour mieux voir son âme et Dieu

Plus vous verrez que vous êtes des pécheurs et plus Dieu se révélera à vous, plus sa miséricorde sera concrète en vous. Plus il vous consommera de Sa lumière, plus vous verrez votre âme.
Plus vous sentirez la puanteur de votre âme et de votre péché, plus vous vous trouverez désagréables à vous-même et plus vous verrez Dieu. Plus vous vous blottirez contre son cœur, plus vous sentirez l’attraction de Dieu qui vous veut brûlant de son amour et de son désir. Et plus votre âme sera assoiffée de sainteté, de saisir Dieu, de l’embrasser, de le chérir. Et pourtant, vous sentirez la puanteur de votre âme. Mais vous verrez le toucher divin de Dieu en vous, vous le sentirez bien plus profondément que jusqu’à maintenant.
Oh mes frères, allez au sacrement de la réconciliation toutes les semaines. Et vous verrez. Une fois, deux fois, dix semaines, six mois, un an. Vous verrez le changement.

Apparition du Christ sur la route d’Emmaüs

ÉVANGILE : « Il se fit reconnaître par eux à la fraction du pain » (Lc 24, 13-35). Homélie du Père Jean du Sacré-Cœur du 23 avril 2023.

Voilà, nous retrouvons ce texte que nous connaissons bien dans notre église. Quelqu’un me faisait la remarque hier que ça revenait peut-être un peu trop souvent. Pendant ce temps Pascal, on l’a reçu le jour de la Résurrection, le lendemain avec le lundi saint, le lundi de l’octave. Quelques jours après encore. C’est vrai, ce texte peut être répétitif lorsqu’il est lu sans l’Esprit-Saint. Mais malheur à nous si nous ne trouvons pas Dieu au travers des Écritures, parce qu’un texte comme celui-là, et bien, il est insondable. Il y a tellement de choses à dire, à partager dessus. Et de la même manière que nous sommes chacun des livres ouverts.

La Parole de Dieu, un canal grand ouvert

Ne fermons pas le livre de l’autre

Malheur à moi si je dis de mon frère, de ma sœur, de mon époux ou encore pire, de mon épouse : « Bon, c’est bon, j’en ai fait le tour, Je le connais, il ne m’intéresse plus, elle ne m’intéresse plus, Je passe mon chemin. Voilà, je joue. J’ai déjà. J’ai déjà tout compris de sa personne, de son histoire. » Ce n’est juste pas possible cela. Parce que là, c’est tuer l’autre, le tuer dans mon cœur et ne plus le laisser être source de vie pour moi, a fortiori la Parole de Dieu. Elle est un livre toujours ouvert, une source surabondante de grâce et de mystère à découvrir comme la personne que je rencontre. Peut-être est-elle trop fermée sur elle-même Et alors Oui, comme ça tourne en rond, ça tourne en boucle. Il n’y a plus grand-chose à en attendre.

Mais tel n’est pas la vocation de l’homme et de la femme créée par Dieu à son image et ayant pour vocation d’être un canal de la grâce. Mon frère, ma sœur sera toujours un livre ouvert pour moi. S’il est connecté à Dieu et qu’il laisse passer cette grâce.

Ouvrons les écluses du ciel

C’est pour cela que nous devons susciter cette vie, la susciter chez nous-mêmes en nous connectant à Dieu pour être justement ses canaux grands ouverts, pour que Dieu puisse, passant par nous et se partager, se diffuser. Si je suis coupé de Dieu, alors oui, ma vie commence à tourner dans une boîte à chaussures et je deviendrais réellement plus du tout intéressant. Telle n’est pas ma vocation, telle n’est pas la vôtre. Alors c’est à moi aussi de susciter ça chez mon frère, ma sœur, que je trouve inintéressant, toujours à tourner en boucle sur lui-même, sur elle-même. Eh bien, c’est le moment de déclencher cette rencontre avec le Seigneur, d’ouvrir les écluses du ciel. La Parole de Dieu, c’est un canal toujours grand ouvert et c’est notamment ce que nous dit ce texte.

Des disciples blasés

Aujourd’hui encore, pourtant, nous voyons comme nous facilement des disciples blasés et si profondément blasés. Oui, il y a eu une petite phrase qui l’exprime très très bien au début de cette rencontre et nous distillent à Jésus qui ne l’ont pas encore reconnu. « Nous espérions ». Ça, c’est dramatique, c’est fatal. Voilà, L’espérance est morte. Il y a bien eu une espérance, mais maintenant elle est morte. C’est à l’imparfait. « Nous espérions ». Souvent, notre humanité est triste parce qu’elle a espéré. Elle n’espère plus. Parce qu’elle ne croit plus. Parce qu’il n’y a plus cette ouverture à la grâce, au mystère de Dieu. Parce qu’on laisse tout s’abîmer à l’intérieur de nous, ne jugeant les choses que sur les apparences. Ces deux disciples avaient bel et bien pensé que Jésus allait donner son ultime révélation. Je pense qu’au dernier moment, il était à Jérusalem. Ils se sont dit contre toute attente et justement contre toute apparence, sur Jésus va se révéler in extremis. Cela au début, il se laisse malmener, etc. Mais il y a un moment où  il va faire éclater sa gloire, jusqu’au dernier moment, peut-être jusqu’à ce qu’il soit sur la croix. Mais ce n’est pas possible. Non. Jésus va se révéler là, là, c’est le moment où le Ciel va s’ouvrir. Et puis là, il va y avoir un miracle énorme. Et Jésus va, va, va être en gloire finalement. Et ça ne s’est pas passé. Voilà. Alors c’est la catastrophe. Tout s’est écroulé pour eux, cette espérance si profonde. Car ils faisaient partie des disciples du Seigneur.

La Parole de feu qui fait de nous des disciples

Quelques perles dans le texte d’aujourd’hui. Parce que, comme je vous le dis, ce texte, on l’a eu X fois. Aujourd’hui encore. Mais il y encore 1000 choses à en faire jaillir. Alors essayons d’en extraire quelques points, trois. Je vois notamment aujourd’hui ce feu que suscite dans le cœur des apôtres, de ces deux disciples du Christ, la Parole de Dieu, Jésus « qui leur ouvre L’écriture » nous dit le texte. Ensuite, il y a ce temps de l’illumination, ce repas qui est fondateur pour une troisième fois, la mission qu’ils vont prendre en main, dans laquelle ils vont entrer. Tout d’abord, les deux disciples ont un cœur brûlant. Ils ne s’en rendent même pas compte. « Tandis qu’il nous expliquait les Écritures ». Oui, parce que cette Parole de Dieu, elle est vraiment là pour éclairer nos intelligences, faire brûler nos cœurs. La Parole de Dieu, elle doit faire de nous des disciples. C’est la première disposition et comme le dit souvent le pape François, des disciples qui doivent devenir aussi des disciples-missionnaires, un autre que le Père du temps. Je ne sais pas si c’est lui qui l’a inventé, comme cela est dit disciple amoureux, missionnaire. C’est encore mieux. Ça va encore plus loin, vous voyez. Être disciple, on a reconnu le Maître. Mais reconnaître le Maître, cela ne nous donne peut-être pas tout cet enthousiasme et ce feu à l’intérieur, dans le cœur du disciple amoureux.

Être amoureux de Dieu

Oui, on ne doit pas être moins qu’amoureux de ce Dieu qui nous a tout donné. Si moi, jeune homme, je suis capable d’être amoureux de cette jeune femme et d’être prêt à tout donner pour elle et réciproquement, alors combien plus, combien plus envers Celui qui est la source de mon être, mon Créateur, mon Dieu, mon Sauveur ! Comme c’est une belle prière à faire : demander à Dieu de nous donner un cœur amoureux, amoureux de lui, amoureux de Sa Parole, disciple amoureux et missionnaire. Et comment voulez-vous qu’il en soit autrement ? Le jeune homme, la jeune femme qui a trouvé son futur époux, sa future épouse, quelle joie il a, quelle joie ils ont à partager ce trésor ultime ! Ça y est, j’ai trouvé l’amour ! J’ai trouvé celui ou celle qui me comble et qui, je sais, pourra me combler tous les jours de ma vie. Et sans faire obstacle à cet amour de la terre si grand, combien plus la Parole de Dieu et la présence de Dieu dans nos vies met un feu en nous.

Un feu à entretenir

Et ce feu, voyez, il peut être là, nous l’avons peut-être nous aussi ressenti à l’occasion d’une célébration. Cette flamme, une petite flamme peut-être, et qui nous a révélé de l’intérieur que oui, vraiment, la vérité, elle est là. Et ce toucher intérieur nous empêche de douter. Mais pour autant, si nous ne le faisons pas nôtre, ce petit feu peut diminuer et diminuer encore. Et c’est ainsi que parfois, il arrive que des chrétiens qui ont reçu de telles grâces et bien finalement deviennent tièdes, froids et meurent dans leur cœur, parce que parce qu’ils n’ont pas entretenu ce feu de la Parole. Nous devons le demander cela. Rappelons-nous aujourd’hui aussi ces étincelles de lumière et de gloire que le Seigneur a mis dans nos cœurs, sinon nous ne serions pas là. Vous y êtes, vous, ici librement, vous adultes Peut-être y a-t-il des enfants parmi nous qui sont moins de même avec la joie au cœur, parce qu’ils ne savent pas encore, parce que ça, c’est encore un trésor à découvrir. Mais vous, parents, vous êtes là. Et pour leur donner et en espérant que cette lumière se diffuse et comme ces petites flammes de Pâques que nous nous sommes transmises les uns aux autres, telle est notre mission. Il faut que cette écriture, elle brûle dans nos cœurs comme elle a brûlé dans le cœur des disciples d’Emmaüs.

La rencontre du Christ ressuscité

Il y a donc également ce temps important du repas, éclairé par cette parole qui donne la sagesse. Les yeux des disciples étaient prêts à s’ouvrir. Il a fallu la Parole. Il a fallu cette rencontre par le cœur du Christ ressuscité. Et alors il nous est dit que Jésus se révèle à ce moment-là. Et je me dis que peut-être bien, il s’est passé quelque chose.

Que s’est-il passé au moment de la fraction du pain ?

Comment ça se fait que c’est à ce moment-là, au moment de la fraction du pain ? Pourquoi l’ont-ils reconnu seulement à ce moment-là ? Jésus a-t-il fait un miracle ? Tout d’un coup, Il a levé le voile de leurs yeux, de leur aveuglement. Ça a pu être cela. Et si c’était parce que jusque-là, Jésus était habillé comme eux. Et puis tout d’un coup, comme dans ses apparitions aux disciples, à ces disciples enfermés, l’Évangile qu’on a eu la semaine dernière notamment. Peut-être bien qu’au moment où Jésus a présenté le pain, il a dévoilé ses mains et ses stigmates. Et là, ils ont compris. On peut le penser parce que Jésus apparaît comme cela, comme sur le tableau du Christ miséricordieux. C’est Jésus se fait une gloire en fait de deux de ces blessures.

La gloire qui passe par la souffrance

Et quelle belle chose à méditer aussi que tout d’un coup, c’est qu’en découvrant là la gloire qui passe par la souffrance, ces stigmates qui portent pour toujours ces marques de la persécution du Christ Jésus qui se montre dans sa fragilité, Jésus qui se montre dans cette vulnérabilité qu’il a accepté. Et tout d’un coup, c’est là que les yeux se dessinent. Oui, ce Dieu que nous voyons lointain, tout puissant, « notre Père qui es aux cieux », ça nous va bien. Écoute, Seigneur, reste aussi. Parce qu’en fait la majorité de nos contemporains le vivent comme cela. Oui, j’y crois au Bon Dieu, mais qu’Il reste aux cieux parce que ça va très bien sans lui. Et puis d’ailleurs, quand ça va mal, j’ai déjà essayé de prier, ça ne m’a pas aidé. Donc oui, oui, il est aux cieux. Quel dommage ! Mais non, notre Dieu, c’est celui qui se fait proche. Bien sûr, il est aux cieux pour dire qu’il n’est pas embourbé, empêtré dans cette horizontalité qui va à sa mort. Non, il est aux cieux parce que c’est tout de suite une élévation lorsqu’on tourne son cœur vers Dieu. Eh bien, c’est l’âme qui porte le corps et non pas le corps qui tire inexorablement l’âme vers la terre, jusqu’à douter, jusqu’à ne plus espérer. Alors les disciples ont vu et ont reconnu.

La force de partir

En voyant le Christ, ils ont compris qu’il était le Ressuscité à ce moment. Et alors là, une force incroyable du coup jaillit en eux. Et alors qu’ils étaient fatigués, tristes est venu à ce moment-là, le temps de témoigner de cette vie éternelle. Parce qu’il y a tout. Lorsqu’ils découvrent le Christ et ces stigmates, c’est tout qui est résumé là. La Parole, Il est là, vivant au milieu de nous. Les marques de ces stigmates c’est qu’Il est passé par la mort. Il est ressuscité. Il est vraiment ressuscité. Alors, nous dit l’Ecriture, ils repartent tout joyeux, comme dit le pape François. Cette jeunesse éternelle d’une Eglise toujours en sortie, c’est tellement important pour lui, et il nous le dit à temps et à contretemps, notre pape, tellement décrié aujourd’hui. Mais il nous y invite à chaque retrouver cette jeunesse éternelle, celle qui a été ravivée dans le cœur des disciples d’Emmaüs qui du coup les pousse tout de suite dehors.

Une Eglise en mission

Une Eglise en sortie, une Eglise vers les périphéries, parce qu’elle a trouvé dans le Dieu en Dieu la source de cet amour qui n’aspire qu’à une chose et à se diffuser. Alors, comme les disciples d’Emmaüs, nous devons être ceux qui, nous aussi, ont reconnu le Christ ressuscité dans les Écritures. Nous les partageons ici dans l’Eucharistie que nous allons recevoir. Nous renouvelons ce même cheminement, cette fresque. Elle est ici pour cela. Ce n’est pas juste une peinture à regarder. Non, cela nous parle de nous. C’est ça doit être ici le cheminement de tout chrétien. Prenez le temps aussi. Arrêtez-vous devant cette fresque. Méditez chacune de ces stations-là, et cela mettra de la lumière dans vos intelligences, de la chaleur dans votre cœur, et qui normalement et nécessairement vous donnera envie d’aller, d’aller la diffuser.

Partons nous aussi annoncer la Bonne Nouvelle

Parce que maintenant ayons fait cette découverte et nous faisons cette découverte aussi. Nous devons pouvoir témoigner de cette vie qui ne meurt jamais, et même dans les situations les plus difficiles et les moments les plus sombres de notre espérance, Même lorsqu’il y a, il n’y a plus aucune espérance lorsque nous en sommes à nous espérions. Non, il faut retrouver ce Feu, cette Lumière. Aujourd’hui, alors que le Christ ressuscité nous envoie et nous renvoie aujourd’hui de manière nouvelle, en mission. La mission, elle s’accomplit maintenant dans vos cœurs par la Parole de Dieu, par toutes ces grâces que vous êtes venus retrouver, recevoir ici, et le Seigneur les déverse en vous. Et vous devez ensuite joyeusement et en sortie, aller la diffuser autour de vous. « Alléluia. Le Christ est ressuscité. Christ est vraiment ressuscité. »

Être des veilleurs dans le quotidien

« Veillez car vous ne savez pas quand vient le maître de maison », Evangile selon St Marc (13, 33-37)
Homélie du Père Marie-Tarcisius, premier dimanche de l’Avent, année B

Une nouvelle année

Nous commençons la nouvelle année liturgique. Bien sûr, avec tous nos concitoyens, le 1ᵉʳ janvier 2024 aussi, nous fêterons le début de l’année civile. Mais nous rendons à César ce qui était à César et aujourd’hui nous rendons à Dieu ce qui est à Dieu. Pour le chrétien, l’année qui commence, c’est vraiment le temps de l’Avent, parce que c’est ce qui donne tout son sens à notre vie. En faisant commencer cette année liturgique, cette année chrétienne par le temps de l’Avent, l’Eglise nous tourne vers le Christ. Et la richesse, comme la beauté du temps liturgique, c’est que tous les ans, on va pouvoir à nouveau fréquenter tous ces mystères de la vie du Christ. Mais aussi ceux de la vie de sa Mère, des Saints, dans un rythme qui nous permet chaque année de nous familiariser, d’intérioriser plus tel ou tel aspect. Aussi, cette nouvelle année qui commence, c’est une année de grâce. Une année de grâce que le Seigneur renouvelle pour nous permettre d’approfondir notre foi. Et c’est pour cela que dans le temps de l’Avent, on a ce temps qui nous prépare et qui nous tourne vers ce grand mystère de l’Incarnation.

Un temps d’attente

Si nous n’avons pas le Gloria, ce n’est pas pour enlever un peu de joie au dimanche et à la célébration dominicale que nous avons. Mais c’est pour que cette joie rayonne encore plus au moment de Noël. Et donc pour que cette joie se centre de façon particulière sur le mystère de Jésus enfant. Ce mystère où notre Dieu se fait petit enfant pour commencer à nous dévoiler l’amour immense qu’Il nous porte. C’est ainsi que la sobriété du temps de l’Avent par ce moyen est là pour nous aider, nous mettre en attente. C’est ce que l’Évangile aujourd’hui nous a rappelé. On entre dans ce mystère de l’Avent et l’Évangile nous invite à veiller à être des veilleurs, des veilleurs dans le quotidien.

Comment être veilleur aujourd’hui

Parfois, on peut être des veilleurs pour des grandes actions, puis on peut être veilleurs au quotidien, c’est-à-dire veiller avec le Christ, dans le Christ, et bien veiller sur notre vie avec lui chaque dimanche. Nous venons l’adorer chaque dimanche, nous venons le prier. Chaque dimanche, nous venons louer le Seigneur. Et veiller, c’est faire aussi que ce trésor que nous célébrons dans la célébration dominicale, on le ramène à la maison. Chez nous aussi, nous pouvons l’adorer. Chez nous aussi, nous pouvons le louer, le prier individuellement, ensemble, en famille, différemment selon chacun. Cela va prendre des tonalités et des variétés différentes suivant nos personnalités. Mais nous allons veiller à bien ramener à la maison cette richesse qui nous est donnée.

Ramener le Christ dans nos maisons

Dans l’Ancien Testament, quand Dieu établit le culte liturgique du Temple, il y a toujours une partie qui est dans le temple, et tout le reste de la semaine se déroule à la maison. En fait, c’est très important. Soit la fête culmine dans le moment où nous sommes tous rassemblés. Pour nous comme chrétiens, autour de la messe. Ou bien c’est ce qui débute une solennité, un temps de grâce, de telle façon à ce que la vie chrétienne rayonne et pénètre notre quotidien. Donc, pour nous, veiller, c’est cette année reprendre cet effort de bien mettre le Christ (ou de nourrir cette présence du Christ) au cœur de nos maisons. C’est que nos maisons deviennent aussi ce lieu où Il aime venir habiter, nous retrouver. Veiller à ce que nos maisons soient des lieux d’accueil de la présence du Christ. Avec Lui, nous apprenons aussi à faire qu’elles soient des lieux d’ouverture aux autres, de solidarité, des lieux de bienveillance. Et donc veiller, c’est cette attitude spirituelle dans laquelle nous nous mettons en état, nous nous renouvelons dans cet état d’accueil du Christ et dans ce mystère d’incarnation de la vie du Christ dans notre quotidien.

Chaque année des moyens différents

Alors aujourd’hui, on dispose en plus de plein de moyens, par les smartphones et applications, de nous mettre en contact avec la Parole de Dieu. Et il y en a beaucoup. Si vous allez sur le site de la Conférence des évêques de France, ils vous donnent le listing de tout ce qui est proposé pour l’Avent, comme plus tard pour le Carême. Beaucoup d’initiatives qui sont là pour nous aider aussi à nous donner des idées, à nous renouveler. Puisque finalement, dans cette année qui commence, ce qui va être important, et bien c’est de nous centrer sur ce mystère de Jésus, mais différemment. Chaque année, on va le faire un peu différemment parce que d’abord on le fait avec nos circonstances. Chaque année, nous sommes un peu différents. Les circonstances de la vie familiale, de la vie personnelle, de la vie professionnelle ou sociétale ont pu changer. Ou bien les circonstances de nos proches ont pu changer. Tout cela, nous le tournons vers le Christ. Donc cette attitude de veilleur, elle est au cœur de la vie chrétienne. Le chrétien, finalement, c’est celui qui qui se tourne vers Jésus et qui prend cette décision intérieure de veiller.

Veiller les uns sur les autres

Alors, je vous le disais, ce premier état de veille, c’est de veiller à ce que le Christ habite nos maisons. Mais c’est aussi de veiller les uns sur les autres. Car finalement l’Évangile nous le dit et nous le redit sans cesse accueillir le Christ – et nous l’avions la semaine dernière au moment du Christ-Roi pour l’Évangile – c’est accueillir le pauvre, celui qui est dans le besoin. C’est accueillir par conséquent notre prochain et donc veiller et être attentif au Christ. C’est aussi dire « comment est-ce que je vais me renouveler dans cet état de veille les uns à l’égard des autres ? » Les enfants aussi. En prenant votre place dans la maison avec les parents, vous pouvez toujours être tentés de laisser les parents tout faire. Chacun va renouveler sa manière d’être présent – les parents présents aux enfants – et entre nous. Demandons cette grâce de choisir d’être des veilleurs, ce qui n’est jamais simple. Puisque dans un monde qui multiplie de bien des façons le confort, dont nous bénéficions, et bien veiller, c’est quelque part sortir de son confort, se déloger de son confort pour accueillir celui qui est là.

Se renouveler et s’engager différemment

Ça peut être aussi de réfléchir cette année sur une autre manière de s’engager. De s’engager soit dans des initiatives chrétiennes, qu’elles soient paroissiales, diocésaines ou parfois plus larges, à travers des mouvements et des groupes dans lesquels nous sommes. Sortir un peu d’une certaine zone de confort pour aller au-devant et aller au-delà de ce que nous faisions pour aller à la rencontre de l’autre. C’est aussi une manière de sortir de nous-mêmes, de supplier le Seigneur de nous aider toujours à être à l’écoute. Car finalement, s’ouvrir aux autres, c’est se renouveler dans un regard, dans une manière d’écouter. Pas que notre réalité quotidienne ait beaucoup changé entre hier et aujourd’hui, entre la fin de l’année liturgique précédente et le début de celle-ci, mais c’est demander une grâce de renouvellement.

Renouvellement de la manière dont nous écoutons les mêmes choses, dont nous regardons les mêmes choses, dont nous allons toucher les mêmes choses, les mêmes personnes. De telle façon à ce que on puisse se dire : « Mais c’est le Christ qui vient à moi à nouveau nouvellement cette année et qui me demande de regarder le plus simple de tout ce que je vis avec son regard, avec ses oreilles ». Pour que nous devenions les mains du Christ, les yeux du Christ, la bouche du Christ, les oreilles du Christ, les pieds du Christ, là où nous allons, là où nous sommes. Alors demandons cette grâce les uns pour les autres, et que ce temps de l’Avent nous fasse prendre conscience à quel point, pour nous, c’est vraiment la nouvelle année qui commence. La nouvelle année chrétienne où on veut une fois de plus et faire un pas de plus pour que le Christ soit le centre de notre cœur, le centre de notre vie. Et nous y renouveler et le proclamer simplement, mais réellement, autour de nous et dans nos familles et dans nos communautés. Amen.

Sortir de nos tombeaux intérieurs

La lecture de ce dimanche : Je suis la résurrection et la vie (Jn 11, 1-45)

Extrait :  « En ce temps là, Marthe et Marie, les deux sœurs de Lazare, envoyèrent dire à Jésus Seigneur, celui que tu aimes est malade. En apprenant cela, Jésus dit Cette maladie ne conduit pas à la mort. Elle est pour la gloire de Dieu, afin que par elle, le Fils de Dieu soit glorifié. Jésus aimait Marthe et sa sœur, ainsi que Lazare. Quand il apprit que celui ci était malade, il demeura deux jours encore à l’endroit où il se trouvait. Puis, après cela, il dit aux disciples Revenons en Judée. A son arrivée, Jésus trouva Lazare au tombeau depuis quatre jours déjà. Lorsque Marthe apprit l’arrivée de Jésus, elle partit à sa rencontre, tandis que Marie restée assise à la maison. Marthe dit à Jésus Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. Mais maintenant encore, je le sais. Tout ce que Tu demanderas à Dieu, Dieu Te l’accordera. Jésus lui dit Ton frère ressuscitera.  »

La mise au tombeau de Jésus

« Des profondeurs, je crie vers Toi, Seigneur Seigneur, écoute mon appel. Que ton oreille se fasse attentive au cri de ma prière.  »

Avons-nous écouté le Psaume d’aujourd’hui ? Et c’est bien souvent ce cri qui peut rejaillir aussi de nos cœurs lorsque nous mêmes nous sommes un peu comme au tombeau. C’est quelque chose que j’aime particulièrement dans le Chemin de croix que nous pouvons méditer tous les vendredis ensemble à 14 h 30, ici dans cette église, parce qu’on médite sur ce moment. La mise au tombeau de Jésus. Jésus a voulu. Il a choisi de connaître ce moment particulier où, après la mort, on reste seul, isolé, abandonné à la terre. Et ça donne une force particulière. Bien sûr, et cela résonne avec les textes que l’on a écoutés, puisqu’il va sortir du tombeau en ce moment si réaliste où il est demeuré dans la mort pour ressusciter. Mais nous-mêmes, au sens figuré, nous nous sentons souvent prisonniers de circonstances dans lesquelles on se sent comme dans un tombeau. C’est peut être le désespoir, l’isolement, le fait de se sentir exclus, laissés pour compte, ou bien de traverser des situations dont on ne peut pas parler, dont on ne sait pas comment parler, comment les partager, ou bien des choses que l’on voudrait et par souci parfois de ceux qui nous entourent et qui peut être peuvent être plus fragiles. On ne sait pas comment le faire. On se sent comme prisonnier. On peut se sentir aussi prisonnier de l’inquiétude, de l’anxiété, l’angoisse. Il y a bien des façons pour nous de nous retrouver comme au tombeau, mais c’est important de voir que si le Christ a connu ce moment, c’est qu’il va venir habiter lui aussi.

Pourquoi Jésus nous rejoint dans nos tombeaux

Ces moments-là de nos vies, nous, nous voudrions parfois que la résurrection, ce soit Jésus qui passe dehors et qui, comme aujourd’hui, nous l’avons écouté, nous dise « Viens dehors ». Mais bien souvent, comme il l’a dit à Lazare dans l’Évangile que nous avons écouté, et bien souvent. Nous avons invité le Seigneur à venir partager cette réalité. Ce n’est pas une belle invitation. Généralement, on ne fait pas, on ne fait pas une belle lettre d’invitation au Seigneur pour ça. On veut lui faire partager nos joies. On veut lui partager aussi nos peines et nos tombeaux. Avouons que là même notre sens poétique s’affaiblit, s’étiole, disparaît. Et pourtant le Seigneur veut venir habiter ce lieu. Il veut venir être avec nous. Il veut venir par son Esprit, nous rejoindre dans ces lieux particuliers de détresse. Il veut toucher nos cœurs à cet endroit, alors ça reste mystérieux. Pourquoi le Seigneur a choisi de partager notre condition humaine et mortelle jusque là ?  Tout ce que l’on sait, c’est que c’est par amour qu’il vient jusque là. C’est par amour qu’il va donc venir habiter nos situations, nos blessures, et qu’il va venir les rejoindre au plus profond, au plus profond. Jusque dans ces moments où on est oublié, complètement oublié, oublié des hommes. Alors on se dit : « Mais que fera cette présence du Christ dans dans nos tombeaux, dans celui de nos vies? » Eh bien, saint Paul, nous l’avons écoutée dans l’épître aux Romains. C’était la deuxième lecture nous dit : « Mais si le Christ est en vous, le corps, il est vrai, reste marqué par la mort à cause du péché. Mais l’Esprit vous fait vivre. L’Esprit de Celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous ». C’est mystérieux. De se dire que le Seigneur peut vouloir venir habiter ce moment, nous donner son esprit dans ces lieux de telle façon à ce qu’il y ait la vie en nous, même si dans notre corps, tout corps physique, notre corps psychique un peut être sur le plan moral ou intellectuel, on se sent encore enfermé. Eh bien, la vie peut surgir. Le cri, la présence du Christ accueilli, accepté jusque dans ces lieux de mort. Un lieu où sa vie va surgir. Lentement, progressivement. Par étapes et que la résurrection, ça peut être d’abord d’accepter que le Seigneur vienne dans ce lieu dont nous voudrions sortir, et puis le laisser habiter avec nous. Le laisser visiter ce lieu. Comme si le Seigneur, ça reste mystérieux, voulait visiter toutes nos blessures. Eh bien oui, frères et sœurs. Il veut le faire.

La résurrection implique un chemin où nous invitons le Seigneur

Ressusciter, ce n’est pas s’abstraire de notre condition humaine, de notre condition difficile. Ce n’est pas un coup de baguette magique où le Seigneur passerait devant nos tombeaux et comme on en sortirait, c’est sûr qu’il y aurait beaucoup de gens pour suivre le Christ. Mais c’est un lieu où on va accueillir le Seigneur. On va lui dire Viens bien. Alors on peut étendre à cette notion un peu de tombeau à nos travers. On est parfois prisonniers de traits de tempérament. On est prisonnier de manière de faire que l’on pratique depuis tellement longtemps, qui peuvent causer dommages à soi même ou à autrui. Mais on ne sait pas comment en sortir. Et le Seigneur va venir nous visiter, habiter ces lieux. Nous l’avons donc invité : »Viens, Seigneur, viens avec Ton Esprit. Répands Ton Esprit sur ce monde en moi, isolé ». Autrement dit, la résurrection va impliquer un chemin dans lequel nous invitons le Seigneur, dans ses profondeurs desquelles nous crions vers le Seigneur. En croyant qu’il est capable là de nous donner sa vie. C’est l’acte de foi qui est difficile. Mais finalement c’est un acte de foi qui est cohérent avec ce que nous vivons dans chaque messe, dans chaque messe. Nous sommes nous aussi dans la foi. Le prêtre, après la consécration, élève l’hostie et nous croyons, en vertu de l’action du Saint-Esprit, par les paroles du prêtre, qu’il est vraiment là. Et de même, après les paroles de consécration pour la coupe, et souvent dans nos vies, il est de même. Nous croyons, Seigneur, que Tu es là. Nous adhérons. Et pourtant les apparences semblent rester les mêmes.

Le monde actuel nous isole

Si j’ai choisi de vous prêcher sur ce sujet qui n’est pas des plus exaltant, c’est parce que c’est souvent, bien souvent, qu’on se trouve en de telles situations. Parce que le monde d’aujourd’hui qui bizarrement, semble nous mettre dans un contact extraordinaire avec les autres en fait, nous isole. Il est fréquent dans des repas, des rencontres, de voir des personnes toutes ensemble, mais chacune sur son portable et puis chacun, chacune sur son portable, parfois du matin au soir et pour certains du soir au matin. En fait, curieusement. On se trouve facilement isolé aujourd’hui, malgré l’apparence d’une grande ouverture. Et cet isolement vient comme renforcer ce que nous vivons. Aussi, il est important, parce que c’est une autre façon presque dire de pratiquer la résurrection. C’est une drôle d’expression, c’est d’aller vers ceux et celles qui sont dans la souffrance. Parfois, c’est simplement de les écouter, de prier ensemble. On ne peut pas résoudre tellement de situations pour lesquelles on est impuissant, pour lesquelles on ne sait pas quoi faire. On ne peut même pas prétendre apporter de solutions, mais être là. C’est tellement important d’accepter de prendre du temps, de perdre du temps les uns pour les autres. Pour briser cette barrière de l’isolement qui se multiplie en fait aujourd’hui ou derrière l’apparence de l’ouverture, du progrès. En fait, on crée des situations bien souvent de désespoir.

Les grâces que nous pouvons demander

Alors nous avons demandé cette grâce déjà pour nous mêmes au Seigneur de venir dans ces lieux qui nous sont difficiles, qu’il vienne les habiter. Faisons en sorte aussi, lorsque nous venons communier, de demander : « Seigneur, viens dans mon cœur. Viens dans mon corps. Viens dans tout mon être. Viens habiter tout ce que je traverse, toutes mes blessures. Viens habiter tout ce que je comprends, ce que je ne comprends pas, ce dont je veux. Je ne veux pas. Je viens te l’apporter tout entier. »

Et puis faisons nous les instruments les uns pour les autres de cette présence du Christ. Finalement, c’est souvent en prêtant l’oreille, en acceptant de prêter l’oreille les uns aux autres, bien qu’on permet à cette vie du Christ de devenir aussi tangible, concrète. Alors certes, ça n’est pas toujours facile encore une fois, parce qu’on peut se sentir désemparé, mais ça n’a pas d’importance. Ecouter, ce n’est pas avoir la solution. Partager, ce n’est pas avoir le remède miracle, mais c’est accepter d’être un corps, d’être ensemble, de marcher ensemble. Et cela est tellement important pour nous. Alors demandons cette grâce, nous aussi déjà d’avoir foi, d’avoir cette foi de Marthe en la résurrection. Foi qui est merveilleuse parce qu’elle est progressive.

Le cheminement de la foi

Ce que j’aime beaucoup dans cet évangile, c’est que cette foi de Marthe en la résurrection, visiblement, ne va pas de soi. Ne va pas de soi. Lorsque le Seigneur demande à Marthe. Dit à Marthe d’abord que son frère va ressusciter. Elle professe Oui, la résurrection future quand il viendra. Nous le savons, quand Jésus allait dire « Mais moi, je suis la résurrection et la Vie. Crois tu cela? » En fait, Marthe ne répond pas directement. Elle ne l’est pas. « Oui, je crois. Tu es la résurrection et la vie ». Elle fait un très bel acte de foi, puisqu’elle dit « Oui, je le crois ». Ça veut dire oui, ce que tu viens de dire. Je le crois. Tu es. Tu es le Christ, le Fils de Dieu, celui qui est envoyé, celui qui vient dans le monde. Il y a quelque chose qu’elle n’arrive pas à formuler. C’est bien normal. Croire que le Christ est capable de nous ressusciter, c’est à dire de nous faire vivre dans ces lieux de blessures récurrentes. Ça ne va pas de soi.

Autrement dit, il ne faut pas s’étonner que ce passage de la mort à la vie, à ce passage du tombeau à la résurrection se fasse progressivement, parce que notre foi elle même va devoir progressivement s’affermir doucement. Et on le sait. On le sait, ça va être aussi un cheminement. Croire que le Seigneur peut changer quelque chose à des situations, pardonnez-moi l’expression que nous trimbalant depuis longtemps. C’est difficile vraiment. Croire avoir cette conviction intime difficile aussi. Il est tellement important tout d’abord d’accepter cette difficulté, accepter que professer notre foi, ce n’est pas être un champion de la foi. Professer notre foi, ce n’est pas nécessairement n’avoir aucune question ni aucun doute. Avoir la foi, c’est comme Marc dit « Oui, Seigneur, je crois en toi ». Je crois tout ce que tu nous as révélé et je chemine. Autrement dit, oui, Seigneur, comme Marc, je veux croire que Tu es capable d’apporter ce mystère de résurrection et de vie dans cette situation particulière que je traverse. Mais je comprends pas très bien pour autant ce que veut dire concrètement Tu es la résurrection et la Vie.

N’ayons pas peur, n’ayons pas peur de reconnaître que nous sommes dépassés. N’ayons pas peur de reconnaître que tout cela nous paraît quand même bien étrange. Parce que c’est en acceptant ce chemin que peut être nous accueillerons plus facilement le Christ dans ses lieux de lutte intérieure ou de lutte dans nos vies. Bien souvent, ce qui empêche notre relation au Christ de porter les fruits, c’est peut être aussi parce qu’on n’accepte pas de tâtonner avec lui, de chanceler avec lui, de tomber avec lui. Pourtant, c’est une des belles choses aussi que nous fait méditer le chemin de croix. Le Christ, pour nous, est tombé trois fois. Aussi nous avons besoin dans cette adhésion mystère de la résurrection et de la vie que Jésus nous apporte. Nous avons besoin de chanceler avec Lui, de tomber avec Lui, mais de nous relever encore malgré tout. Ne pas avoir peur de nos doutes, de nos questions et de l’invité de l’invité. Lui demander de nous aider à cheminer, d’invoquer l’Esprit-Saint pour qu’il nous aide à découvrir ce sur quoi nous butons. Et peut être à travers une lecture, une rencontre, un partage, une ouverture du cœur, de cheminer avec ce mystère de résurrection et de vie pour nous mêmes ou pour ceux qui nous entourent. Parce que quelque part, c’est la condition de la sortie du tombeau.

Je vous le disais au début de cette homélie, ce mystère de la résurrection ne va pas être quelque chose de magique pour nous. On ne va pas soudainement se dire ça y est, c’est bon Cette progression est liée à notre foi. Avec, pour la votre comme pour la mienne. Pour vous comme pour moi, nous avons à cheminer et à accepter que, comme tout tâtonnant et bien dans ce tâtonnement, il y a un bien et nous avons appelé l’Esprit-Saint. Viens, Esprit-Saint, dans mon tâtonnement, de ne pas avoir peur des ces moments où, bien sûr, dans le fond de notre cœur, nous voudrions un petit peu quoi, peut être pas le grand coup, le grand coup de baguette magique, mais un petit coup quand même, Les choses changent. Et en fait, c’est dans notre cheminement de foi que va s’opérer ce passage de la mort à la vie. C’est à l’intérieur de ce cheminement de foi et d’une adhésion qui va se faire progressivement de plus en plus profonde, de plus en plus convaincue. Non pas convaincu parce qu’on se force, car on se tend. Et parce qu’on s’ouvre, on s’ouvre à quelque chose qui nous dépasse. Et il ne faut pas avoir peur de dire Seigneur, ça me dépasse complètement.

Alors demandons cette grâce les uns pour les autres de cheminer dans la foi, de ne pas craindre nos doutes, nos tâtonnements et nos questionnements, de les vivre en appelant l’Esprit, en suppliant l’Esprit d’être avec nous. Demandons cette grâce les uns pour les autres et demandons dans ce cheminement de nous porter les uns les autres. Nous avons tellement besoin de ne pas être jugés. Or, il est si facile parfois. Ainsi, quelqu’un vous confie qu’il a du mal à croire en la résurrection, de vous dire bon, t’as pas la foi bon Attention Attention, la foi est un chemin personnel. La foi est quelque chose de différent pour chacun de nous. Et si la foi va prendre ou avoir des difficultés, un relief particulier pour chacun et chacune de nous, c’est parce que chacun et chacune de nous dans nos vies, nous avons un relief particulier qui fait que notre adhésion se fait plus ou moins facilement en raison de ce que nous sommes, qui nous sommes, notre passé, nos expériences, nos rencontres, nos désillusions, nos déceptions. Tout cela va faire partie du chemin de la foi. Alors ils vont, nous, les uns les autres, à cheminer humblement et dont nous. Les uns les autres, ensemble, à grandir. Le mystère de la résurrection amène.

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Vous le savez, comme toute paroisse, notre paroisse ne pourrait fonctionner sans bénévole. Notre Église est un corps, une communauté où chacun a non seulement une place qui lui est propre, mais aussi une responsabilité, un service à accomplir pour la vie de l’Église et pour celle du monde. Chacun est invité à mettre ses talents et ses charismes au service de l’ensemble, selon ses possibilités, en ayant à cœur la communion entre tous.

Nous cherchons, pour la renforcer :

  • De bons bricoleurs ponctuels ou réguliers.
  • Des accompagnateurs en catéchuménat (pour former des adultes ou adolescents)
  • Des catéchistes (catéchisme des enfants à 17h le mardi, pour une heure)
  • Des soutiens pour les catéchumènes (présence chrétienne fraternelle pour une personne)
  • Des personnes pour l’accueil (permanences par demi-journée)
  • Des personnes pour faire le ménage (le jeudi après-midi dans l’église, ponctuellement pour St Henri en lien avec la location de la salle)
  • Une personne pour la gestion/animation du site Internet (en binôme avec l’actuelle)
  • Des personnes qui peuvent aider à la projection des textes pour les messes dominicales (ponctuellement ou dans la durée)
  • Des personnes souhaitant visiter nos aînés en EHPAD
  • Un informaticien développeur d’application sur smartphone (ou qui s’y connaît en développement d’application nocode)

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